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Corentin
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La terre crue en presqu'île Empty La terre crue en presqu'île

Mer 2 Jan - 18:15
Le secteur du BTP entre dans une crise profonde : épuisement des ressources notamment de sable, extrême dépendance aux énergies fossiles, aucune intensité sociale (perte de sens, exploitation des travailleurs...). Mais le besoin de se loger et la précarité énergétique est toujours d'actualité. Les "solutions" proposés aujourd'hui sont très loin de répondre au défi : réglementation contre productive, transition numérique, "innovation"...
Pourtant depuis la nuit des temps (jusqu'au XIXème siècle), les Hommes ont su tirer partie de ressources locales ne nécessitant pas ou peu d'énergie apportée. La terre crue est l'un de ces matériaux et peut être le plus utilisé par l'Homme. Aujourd'hui oubliée, invisibilisée elle fait pourtant partie intégrante de notre patrimoine, de notre culture et notre histoire. Sa redécouverte pourrait nous permettre de répondre à certains des grands enjeux de notre temps et se réapproprier le savoir construire.
Actions menées sur ma presqu'île pour la terre crue :

  • Création d'un collectif de professionnels
  • Recensement du patrimoine en terre crue
  • Formations
  • Enseignements à l'université de Gavy - Saint Nazaire
  • Ateliers et animations


  • Travaux de Recherche et Développement au laboratoire du GeM à Saint Nazaire


Dernière édition par Corentin le Mer 2 Jan - 20:00, édité 1 fois
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Corentin
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La terre crue en presqu'île Empty La ressource

Mer 2 Jan - 18:40
La terre utilisée pour la construction est traditionnellement prise sur le futur site de construction. Parfois à l’emplacement des fondations, ou proche du futur bâtiment dans une fosse pouvait être creusé pour récupérer la terre et servant à mélanger les fibres. Cette fosse se transformait ensuite en marre.
 
La couche terre utilisée est généralement celle qui se trouve en dessous de la terre végétale. L’objectif est d’utiliser un matériau inerte qui n’évoluera donc pas dans le temps. La qualité de la ressource varie en fonction de nombreux paramètres notamment l’histoire géologique du lieu. Encore aucune cartographie précise des terres de construction n’existe, c’est un travail colossal car une terre peut être très différente sur quelques dizaines de mètres. C’est essentiellement sa composition granulaire qui défini sa qualité. Aujourd’hui c’est encore le savoir-faire du maçon qui permet de juger si une terre est apte ou non à tel ou tel procédé de construction. La variabilité infinie du matériau rend en effet difficile un protocole simple d’identification in-situ des propriétés de la terre. En revanche des essais de terrain existent pour qualifier le matériau et présupposer de sa qualité. 

La terre n’est pas un matériau renouvelable, en ce sens qu’elle ne se renouvelle pas à une échelle de temps humaine. Elle se créer durant un processus de plusieurs millions d’années au cours de phénomène d’érosion et de sédimentation. En revanche c’est un matériau réutilisable : ses propriétés ne sont pas altérées en si l’on souhaite réutiliser ce matériau pour un même usage. De plus les récents travaux réalisés par Erwan Hamard à l’IFSTTAR de Nantes sur la quantification de la ressource en Bretagne ont mis à jour l’immense quantité de matière disponible. Le volume terre disponible sur cette seule région est d’environ 6,8 milliard de m3, soit environ 8,8 milliard de tonnes. Cela représente 23% de l’ensemble des sols de Bretagne. La terre prise en compte pour cette étude est choisie pour ses qualités répondant aux pratiques vernaculaires de la région. Cette quantité de matière pourrait hypothétiquement permettre de construire 88 millions de maisons individuelles avec les seules terres de Bretagne. Les 1,9 millions de logements de Bretagne ne représentent que 2,1% de cette quantité de ressource disponible.

Il devient est évident que l’un des enjeux des prochaines décennies est de prendre en compte les déchets du bâtiment. Plus de la moitié de la masse des déchets produits par l’UE proviennent du secteur du BTP. Parmi ces déchets 75% sont de la terre et des pierres. La réutilisation de ces déchets est incontournable si l’on espère répondre à la loi relative à la transition énergétique annonçant un objectif de … 70% de valorisation des déchets de chantier à l’horizon 2020Les terres excavées en Bretagne représentent 2,8 millions de tonnes chaque année, la terre de bonne qualité dans cette masse de terre représente environ 23% soit 650 000 tonnes. La seule bonne utilisation de ces terres permettrait la construction d’environ 6500 maisons par ans. Ces chiffres montrent l’évidence du développement de cette nouvelle filière de construction. De plus, Ils ne prennent en compte que des terres correspondant aux techniques vernaculaires, les moyens de constructions modernes permettent une utilisation d’une plus grande variété de terres.


Dernière édition par Corentin le Mer 2 Jan - 19:29, édité 2 fois
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Corentin
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La terre crue en presqu'île Empty Les techniques de mise en œuvre de la terre

Mer 2 Jan - 19:08
Les techniques de construction en terre se décomposent en plusieurs grandes familles. Elles dépendent généralement du type de terre utilisées pour le projet. La composition de la terre est souvent la clé pour définir sa bonne utilisation. Les techniques de laboratoire pour caractériser la matière peuvent être onéreuses et sont parfois incomplètes. Aujourd’hui, c’est donc généralement le maçon qui défini le bon usage de la ressource disponible. Chaque maçon a ses façons de procéder et elles sont parfois orientées par le savoir faire. Il existe des dizaines d’essais de terrain différents pour qualifier la matière, mais aucuns de font encore réellement consensus.






Les éléments maçonnés (adobes et BTC) 

Cette famille comprend deux techniques, l’une très ancienne et l’autre beaucoup plus récente. Ces techniques utilisent des éléments sous forme de brique qui sont ensuite généralement maçonnée avec un mortier à base de terre
L’adobe utilise une terre assez fine et peu argileuse, elle est parfois amendée en fibre pour limiter la fissuration. Cette technique ne nécessite qu’un simple moule en bois rectangulaire. La terre est mélangée à l’état plastique puis écrasée dans le moule. Elle est ensuite directement décoffrée puis laissée sécher au soleil. 
Le BTC (Bloc de Terre Comprimé) nécessite une machine pour comprimer la terre. La terre peu avoir une granulométrie plus étendue que l’adobe, elle doit en revanche être tamisée pour retirer les cailloux. La terre n’est pas amendée en fibre et comprimé à l’état humide.




Les Techniques monolithique

Il y a deux techniques permettant de mettre en œuvre des ouvrages monolithiques. Ces deux techniques font écho aux BTC et aux adobes : Le pisé et la bauge.
Comme pour les adobes, la bauge est mélangée avec des fibres à l’état plastique, en revanche le mélange est directement mise en œuvre sur le mur. Le mélange se densifie à l’intérieur du mur et on procède ainsi par levés successives d’environ 1 mètre de haut. Chaque levée doit sécher avant de recevoir la suivante.
Le pisé, utilise une terre humide comparable à cette utilisée pour les BTC. La terre est versée entre deux peaux coffrantes puis comprimée à l’aide d’un pisoir à main. Il existe aujourd’hui des outils plus modernes pour comprimer la terre comme les fouloirs pneumatiques. 
Jusqu’ici, les techniques présentées ont généralement un rôle structurel pour les ouvrages. Ce sont des techniques dites porteuse.




Les techniques de remplissage 

Contrairement aux techniques ci-dessus, les techniques de remplissage nécessitent une ossature en bois qui porte l’édifice. Le torchis et la terre allégée sont les deux principales technique de remplissage.
Le torchis utilise une grande quantité de fibres mélangées à une terre à l’état visqueux. Ce mélange est ensuite appliqué sur des « claies », ce sont des éléments en bois dans les quels viennent s’entre mêler le mélange fibré.
La terre allégée utilise une moins grande quantité de terre que les autres techniques. Pour sa mise en œuvre, utilise la terre à l’état liquide, on appel ce mélange « une barbotine ». On verse ce mélange sur une grande quantité de fibres qui sont ensuite brassées, elles peuvent reposer une journée, puis elles seront comprimées vigoureusement dans un coffrage. Le tout peut être décoffré directement après compactage pour réaliser le niveau supérieur




Les mortiers et enduits 

Les mortiers terre lient les éléments maçonnés en terre crue. Généralement ils sont composés de la même terre que celle des briques et utilisés à l’état visqueux, ils sont parfois amandé en sable pour limiter la fissuration.
Il y a une très grande variété d’enduit en terre. La terre crue peut avoir naturellement une très grande variété de couleurs mais des pigments naturels peuvent être ajoutés pour la modifier. Les enduits s’utilisent fibré ou non, amandé en sable ou non, en intérieur pour le confort et la décoration, ou en extérieur pour protéger les façades exposées, dans la plus part des cas un badigeon à la chaux recouvre ensuite le mur.


Dernière édition par Corentin le Jeu 24 Jan - 15:09, édité 2 fois
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Corentin
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La terre crue en presqu'île Empty Le patrimoine de terre crue en presqu'île

Mer 2 Jan - 19:27
Le patrimoine en terre crue est devenu invisible à nos yeux, pourtant il fait partie intégrante de notre histoire, de notre culture et de nos pratiques architecturales. En France 15% du patrimoine est construit à partir de terre crue, la plus part de ces ouvrages ont été construits avant 1920. L’explosion démographique amorcée au début du XXème siècle et la reconstruction après 1945 (qui a conduits à la destruction ou enduisage en matériaux cimentaires de nombreux bâtiments) ont conduit à l’effacement du patrimoine en terre crue dans nos paysages urbains. 

Comment estimer la richesse de ce patrimoine suite à la conjonction ces phénomènes ? 

En Bretagne, des travaux d’ampleur ont permis d’estimer le patrimoine de cette région ainsi que la quantité de ressource associée. Des parcs naturelles régionaux comme le Parc Naturel Régional des Marais du Cotentin et du Bessin ont également fourni ce travaille pour protéger ce patrimoine riche. Ces études s’appuient sur des recensements de patrimoine dans des régions sensibilisées à ces matériaux.

Mais nos ancêtres ne limitaient pas leurs pratiques à nos frontières contemporaines. Comprendre le patrimoine qui nous entour est indispensable pour bénéficier de leur l’expérience éviter ainsi des erreurs et gagner des milliers d’années d’évolution de pratiques.

Qu’en est-il du patrimoine en Presqu’île de Guérande ? 

La délimitation de la zone géographique est essentielle pour ce travaille à petite échelle. Les frontières de la presqu’île sont définies comme suit : Au Nord la Vilaine, au Sud la Loire, à l’Ouest l’Océan et à l’Est la limite du parc de Brière, Saint Nazaire est donc inclut dans cette étude. Un travaille mené sur seulement 3 semaines a permit d’identifier environ 60 d’ouvrages en terre crue. Nous n’espérions pas autant de découvertes. Le travail a été concentré sur 4 zones sur 40km², s’étendant de Pornichet au SUD-EST à Saint André des Eaux au SUD-OUEST, cette surface ne représente que 5% de la zone concernée par l’étude.

Les ouvrages recensés sont de différent type, il y a des ruines, des bâtiments non chauffés et des bâtiments habités.

« Un tiers des bâtiments en terre sont encore habité aujourd’hui sur la presqu’île Plus de deux tiers du patrimoine de 1860 est à base de terre et près d’un tiers est en bauge»



L’enjeu de cette étude est de démonter l’existence du patrimoine en terre crue autour de nous. Cette prise de conscience doit permettre dans un premier temps de préserver ce patrimoine. Années après années ces ouvrages sont détruits car aucune sensibilisation ni éducation à ces pratiques n’est proposée. La protection de se patrimoine permettrait non seulement de sensibiliser les citoyens à ces édifices participant de notre histoire, de notre culture, afin de les reconnaître et les défendre. Mais c’est aussi un levier d’action majeur pour faire émerger la filière sur notre territoire. Le travaille réalisé au Parc Naturel Régional des Marais du Cotentin pourrait faire écho dans notre région grâce au soutient avec le Parc Naturel de Brière, la Région ou les communautés de communes. Des actions de sensibilisation et de rénovation de ce patrimoine pourraient être mise en place, accompagnées de subvention pour soutenir le développement des cette filière et de l’ensemble des emplois qu’elle pourrait apporter. Il est donc indispensable de faire évoluer cette dynamique en parallèle d’un programme de formation. 



Cette étude a également pour objet : la caractérisation de la ressource. S’il y a des ouvrages en terre crue dans cette zone géographique alors il y avait des savoirs faire et il y a une ressource pour construire en terre. Ce que l’on apprend grâce à ce travail, c’est l’existence d’ouvrage en terre en quantité importante et de très bonne qualité. La qualité de ces ouvrages nous renseignement sur le très bon potentiel de la terre disponible sur la presqu’île. La poursuite de ce travail devrait nous renseigner sur les quantités et les qualités de la ressource disponible, afin de sensibiliser les acteurs de la construction lors de chantiers de terrassement où sur les ressources disponibles en décharges de terre.
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Corentin
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La terre crue en presqu'île Empty Guides des Bonnes Pratiques, outils de travail et de communication

Mer 2 Jan - 19:54
L’un des freins pour la construction en terre est l’absence de textes normatifs pour encadrer ces pratiques

C’est pourquoi en 2013, la profession s’est réunie pour rédiger le premier texte normatif français concernant la construction en terre crue : Les règles professionnelles, Enduits sur supports composés de terre crue. L’objectif est de constructives pour protéger le patrimoine en terre existant. Dans cette dynamique, un groupement de collectif régionaux se sont vu confier par le Ministère de l’Écologie du Développement Durable et de l’Énergie la tâche de rédiger le Guide de Bonnes Pratiques de 6 techniques de construction en terre crue. Ces collectifs impliquent un maximum de professionnels utilisant leurs techniques respectives. Il s'agit de rédiger des textes qui regroupent les Bonnes Pratiques qui font consensus pour la réalisation et la restauration d'ouvrages en terre crue. Ils doivent servir d'une part auprès des assureurs, bureaux de contrôle et autres pour permettre de faire émerger des projets et faciliter l'assurabilité.


Le Collectif des Terreux Armoricains rassemble les acteurs construction en terre crue dans le Nord Ouest de la France qui pratiquent généralement la construction en Bauge. Il existe des Collectifs semblable dans toute les régions Françaises : TERA , ATOUTERRE, ARPE, ASTERRE ARESO. 

Le guide propose donc des méthodes simples destiné aux entrepreneurs qui souhaitent construire un ouvrage en bauge. La rédaction du guide s’est déroulé en plusieurs étapes : L’établissement d’une liste d'une centaine de personnes ressources afin de réaliser une bibliographie. Puis plusieurs rencontres de mise en commun de nos savoir faire et un travail de rédaction permettant de rédiger une proposition de texte qui sera ensuite modifié et validé par le Comité de Suivi.
Ce Comité de Suivi est composé de 11 organisations (CTA, Tera, Atouterre, ARPE, ARESO, ASTerre, réseau écobâtir, FFB, capeb, MPF, FedeSCOP) qui sont considérées comme représentative des acteurs de la construction et de la restauration en terre crue. Il coordonne la rédaction des Guides te devra valider leur version finale qui est une copropriété des différentes organisations. La version finale sera publiée début 2019. Les guides de bonnes pratiques sont à la fois des outils techniques et des outils de communication. Ces documents seront en accès libre pour permettre à chacun de se les approprier. L’objectif de diffusion et de partage des savoirs fait consensus au sein de la profession. Ces guides pourront donc être mis à disposition de formation, ingénieurs, architecte, techniciens, pour s’ouvrir à ces pratiques constructives s’auto-former sur le sujet. Ils participent du développement de la filière et devront être accompagné de formations et d’enseignement pour emmener de futurs constructeurs vers la terre crue. Cette diffusion pourra avoir lieu dans les formations mais aussi dans les entreprises en mutation et chez les professionnels souhaitant se faire évoluer leurs pratiques.
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La terre crue en presqu'île Empty Re: La terre crue en presqu'île

Jeu 10 Jan - 21:16
Un reportage de France 3 à voir

Les briques en terre crue sont des matériaux naturels oubliés depuis des siècles. Etienne Gay, briquetier installé à Graulhet depuis trois ans, les remet au goût du jour. Il a obtenu le label éco-défi (qui récompense les entreprises qui s'engagent pour le développement durable).

Son entreprise est en plein développement. Etienne Gay produit des briques en terre crue. Ses atouts sont nombreux : la terre crue est un isolant sonore et thermique. Pour lui, pas de doute, elle est l'avenir. Il a même fabriqué une machine, unique en France, qui peut sortir jusqu'à 600 000 briques par an.
La brique en terre cuite est un matériel ancestral, mélange de terre, de chaux et d'un peu d'eau. Pour limiter l'impact carbone de son entreprise, Etienne Gay choisit une terre extraite d'un chantier situé à moins de 30 km, et les matériaux sont réutilisables après destruction.

Le reportage d'Auriane Duffaud et Valérian Morzadec

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Corentin
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La terre crue en presqu'île Empty Reportage FR 3

Jeu 10 Jan - 23:58
Le matériau terre est de plus en plus médiatisé, les architectes s'y intéressent de plus en plus et les vendeurs de produits ainsi que les majors du BTP (Vinci, Bouygues, Lafarge et Cie) travaillent depuis plusieurs années sur ce matériau.

La question est : pourquoi vouloir construire en terre crue?  

Aujourd'hui, même dans la profession, la réponse ne fait pas consensus, certains acteurs souhaitent "construire avec de la terre" un point c'est tout. C'est écolo, c'est à la mode, ça fera très bien dans mon salon. Mais renouer avec ces matériaux "millénaires" signifie également interroger nos pratiques contemporaines.  C'est même LA chance d'interroger nos pratiques !

Quels sont nos pratiques ? La construction conventionnelle c'est produire des bâtiments conformes, fait de produits normalisés que l'on ne maîtrise pas car leur composants ne nous permettent pas de nous les approprier. La construction conventionnelle c'est la destruction du savoir-faire au profit de la rentabilité et de l’exploitation humaine sur les chantiers. La construction conventionnelle c'est l’exploitation inconsidérée des ressources, la pollution de l'eau et des sols. Aujourd'hui le secteur du BTP se délite, la qualité des ouvrages s'effondre, les plus hautes sphères du milieu sont inquiètes... Il n'y a plus de compétence, on a fait confiance à la technique et aux matériaux..

Que voulons nous pour la suite?
Comme l’agriculture, la constitution (se loger, construire, habiter la Terre), sont des activités sursaturantes pour une société. Elles fondent l'organisation sociale, familiales et le rapport à la Terre et au vivant de celle-ci.

Alors aujourd'hui certains architectes proposent de peindre le béton en marron sur leur projet pour affirmer qu'ils ont intégré la terre (à peine exagéré). Des multinationnales comme Lafarge posent des brevets sur des procédés de mise en œuvre et des industriels surfs sur cette vague pour vendre des produits en terre crue et déposer des brevets. Alors oui, il y a du positif, il y a des prises de consciences profondes dans notre société et les choses bougent! Mais attention, attention car nous sommes loin d'être sorti des ennuis et certains n'ont aucune envies de faire une croix sur leur conception du monde, sciemment ou inconsciemment. Ne dit on pas que l'enfer est pavé de bonnes intentions.

L'entreprise interviewée sur France 3 propose des briques de terre crue, en quelques minutes d'interview c'est très vite jugé, et je m'en excuse par avance, mais nous somme trop souvent confrontés à ce genre de contradiction.

"c'est une solution low tech" nous dit-on en début d'interview pour introduire le sujet et mettre en perspective l'innovation. Cette même interview est terminée par "et l'entreprise va donc déposer un brevet pour commercialiser son produit". Ah bon?

"Va chercher la terre sur un chantier de moins de 30km" c'est déjà une bonne démarche mais "ajoute de la chaux dans le mélange" ? Le bilan carbone de la chaux est loin d'être joyeux espérons que les quantités sont faibles (quant à la réversibilité du matériau avec cet ajout, rien n'est moins sûr).

Finalement pourquoi des briques ? Pourtant il existe une foultitude de techniques (voir les textes précédents). Cette technique permet effectivement, de vendre facilement des produits... Pour rappel si l'on ne construit pas en brique de terre par chez nous c'est .. parce que ça ne marche pas bien .. la terre n'est pas adaptée et le climat non plus les anciens ont essayé et il semble qui n'ait pas privilégié ce mode de mise en œuvre. S'inspirer de leurs pratiques nous permettra d'éviter des erreurs et de gagner un temps fou!

Est ce pour cela que nous voulons construire en terre ?
- Non.
- Parce qu'il n'y a pas que la terre dans cette histoire, mais tous les matériaux locaux : granite, bois roseaux, paille, déchets...

Et par dessus tout, ce que nous permettent ces matériaux c'est de nous réapproprier l'acte de construire! En choisissant la ressource la mieux adapté librement et intelligent.
Enfin ils nous permettent de nous réapproprier notre habitat en n'aillant plus peur des matériaux qui nous entourent, plus peur de les toucher, de les retoucher, de les transformer, car ils nous seront familiers.

" Un matériau n'est pas intéressant pour ce qu'il est, mais pour ce qu'il peut faire à la société" John Turner
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Jeu 24 Jan - 15:14
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