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Jeu 27 Sep - 19:11
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« Le plus important, pour ne pas dire l’urgent, serait de reconstruire un tissu social local, solide et vivant, afin d’instaurer progressivement un climat de confiance, c’est-à-dire en fin de compte un « capital social » qui puisse servir en cas de catastrophe. Il faut donc dès maintenant sortir de chez soi et créer des « pratiques » collectives, ces aptitudes à vivre ensemble que notre société matérialiste et individualiste a méthodiquement et consciencieusement détricotées au cours de ces dernières décennies. Nous en sommes convaincus, ces compétences sociales sont notre seule vraie garantie de résilience en temps de catastrophe43 ».
https://www.oxfammagasinsdumonde.be/blog/2018/09/18/transition-collapsologie-et-commerce-equitable-urgent-denvisager-lapres/#.W6y6EfY6-Un

"Etre pleinement conscient de la gravité de la crise écologique, sans sombrer dans le désespoir: est-ce possible, et comment ?" de Gregory DERVILLE Enseignant chercheur / Permaculture, Environnement, Développement durable
https://www.linkedin.com/pulse/etre-pleinement-conscient-de-la-gravit%C3%A9-crise-sans-sombrer-derville/
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Fred
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Lun 1 Oct - 10:38
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Nous sommes pris dans une course de vitesse, du fait de la crédibilité de la menace de l’effondrement, qui nous impose une transformation sociétale profonde. Le monde économique de demain est à inventer et nous avons tout pour y arriver. Qu’on respecte la limite des 2 degrés strictement ou pas, nous allons devoir conduire des modifications structurelles de notre société. Nous pouvons nous mettre à l’œuvre dès aujourd’hui et participer ensemble à cette aventure extraordinaire et ce à tous les niveaux, de l’international au territorial.

De nombreuses initiatives se prennent à ce niveau où l’engagement individuel peut s’exprimer plus facilement C’est une échelle intermédiaire entre celle des petits gestes du quotidien et, celle, développée plus haut, de la dimension macro-économique. Pour autant les questions (sociales, politiques, techniques, architecturales, etc.) qui s’y posent sont assez délicates. Sur ce plan il y a un énorme besoin de mobilisation, fertilisation croisée, partage d’expériences, élimination des fausses bonnes idées, etc. à mettre en oeuvre très rapidement, si l’on veut que les choses avancent. Citons à titre d’exemple le développement des éco-villages[27] : les Colibris (France), Sekem (Egype), Auroville (Inde), Gaviotas (Colombie), Picarangua (Brésil), celui du Sustainability Institute de Stellenbosch (Afrique du Sud).
https://alaingrandjean.fr/2018/09/20/face-risque-deffondrement-22-actions-prioritaires/

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Transition, collapsologie et commerce équitable Rob-Hopkins

Imaginer le futur et le construire. Voici en quelques mots ce que propose le mouvement des initiatives en transition (anciennement « Villes en transition ») dont le concept a été formulé par Rob Hokins en 2005 et dont on trouve la première application concrète en 2006 à Totnes, au Royaume-Uni. Depuis, l’idée a connu un engouement international bien au-delà des frontières de l’Europe et a été réapproprié dans le monde entier. Aujourd’hui, on compte plus de 5000 initiatives répertoriées et encore bien plus de groupes locaux inspirés par la démarche.

L’objectif de la transition est de développer la résilience des communautés, c’est à dire leur capacité à résister aux chocs économiques et écologiques et donc de subvenir aux besoins de la population y compris en temps de crise. Si la réflexion de départ était motivée par la volonté de préparer le pic pétrolier et la descente énergétique qui s’en suivrait, la transition est rapidement devenue l’opportunité de repenser la société autour de nouvelles valeurs : le partage, la solidarité, l’environnement. Le concept est donc un projet politique, mais pas dans le sens partisan du terme – c’est à dire un jeu de pouvoir et d’influence qui oppose des groupes d’intérêt, plus que des idées. Au contraire, on essaye de dépasser les anciennes lignes de fracture dans un projet citoyen : comment souhaitons-nous organiser notre vie en communauté et quels sont les leviers à notre disposition pour y parvenir ?

L’exercice consiste à imaginer, en groupe, la société telle que nous aimerions qu’elle soit à l’horizon de plusieurs décennies. Ceci implique une vision de long terme. Ce travail prospectif permet ensuite d’établir une feuille de route avec les différentes mesures à accomplir au fil du temps pour atteindre l’idéal imaginé. Par exemple, si l’objectif est d’être auto-suffisant en fruits au niveau de la collectivité en 2040, tous les fruitiers devront être plantés avant 2030, le développement complet des arbres demandant plusieurs années. Dans un premier temps, la transition encourage donc de réfléchir ensemble, à penser la société. Elle se traduit ensuite par la mise en œuvre d’actions concrètes.
https://mrmondialisation.org/rob-hopkins-ne-rien-changer-a-notre-mode-de-vie-actuel-cest-retourner-en-arriere/


Dernière édition par Fred le Mar 2 Oct - 18:09, édité 1 fois
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Fred
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Mar 2 Oct - 17:32
Un article intéressant concernant le réseau de l'économie circulaire en Afrique : Blog article from Peter Desmond, co-founder of the African Circular Economy Network (ACEN.Africa), which now spans across 20 countries in Africa.

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Les 7 éléments clés de l'économie circulaire

   Prioriser les ressources régénératives : utilisation efficace des ressources renouvelables, réutilisables et non toxiques pour les matériaux et l'énergie
   Préserver et étendre ce qui a déjà été fait : maximiser le cycle de vie des ressources en maintenant, en réparant et en améliorant les ressources; utiliser des stratégies de «reprise» pour donner une seconde vie aux ressources
   Utiliser les déchets comme une ressource : utiliser des matériaux recyclés, des déchets ou un sous-produit d'un autre processus; récupérer les déchets pour les réutiliser et les recycler
   Repenser le modèle d'entreprise : développer des modèles commerciaux qui créent une plus grande valeur et utilisent des incitations pour fournir des services et accéder aux produits et aux ressources.
   Concevoir pour l'avenir : utiliser des systèmes pensant pour sélectionner les matériaux, concevoir pour une durée de vie appropriée et une utilisation future prolongée.
   Intégrer la technologie numérique : utiliser des plates-formes numériques et en ligne et d'autres technologies pour suivre et optimiser l'utilisation des ressources et fournir des informations tout au long de la chaîne d'approvisionnement
   Collaborer pour créer une valeur commune : collaborer en interne et en externe tout au long de la chaîne d'approvisionnement pour accroître la transparence et créer une valeur commune.

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Ces initiatives ne sont que quelques-uns des exemples de bonne économie circulaire en Afrique. Comment ceux-ci pourraient-ils réussir à l'échelle à travers le continent? Les gouvernements peuvent utiliser des politiques, des incitations et des lois aux niveaux local et national, soutenir les entrepreneurs, les entreprises sociales et l’innovation, et aider à partager les meilleures pratiques et les enseignements tirés. L’économie circulaire en Afrique peut ouvrir une meilleure voie de développement, en s’appuyant sur les caractéristiques de résilience et d’ingéniosité, permettant ainsi à l’Afrique de passer à une économie durable, équitable, prospère et circulaire.

Pour contacter Peter à propos des idées de ce blog, veuillez lui envoyer un courriel à l' adresse peter@re-think.me.uk
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Fred
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Mar 2 Oct - 18:24
Transition, collapsologie et commerce équitable Photo-Cl%C3%A9ment-Montfort

A découvrir : La Web série "Next" de Clément Montfort  sur l'effondrement. « Next » s’empare du sujet, sans tabou

« Next » est une nouvelle web-série documentaire traitant de notre avenir proche sur cette planète : anéantissements biologiques des écosystèmes, migrations de population pour des raisons climatiques, risques de pénuries de pétrole, autrement dit une série sur les risques d’effondrement de notre civilisation. Pas très réjouissant ? Et pourtant, sans savoir, pas de changement ! Son auteur, Clément Montfort, espère toucher un plus large public sur internet qu’à la télévision par l’intermédiaire de Tipeee et YouTube.

Clément Montfort explore les effets psychologiques de cette réalité sur les individus. Dans une réalisation sobre, en noir et blanc pour limi­ter le poids des données sur les réseaux, il laisse les chercheurs ou les simples citoyens parler de leurs émotions face à un avenir planétaire sombre.

Il a travaillé plusieurs années pour la télévision française et a réalisé plusieurs documentaires marquants et remarqués, notamment La guerre des graines et Soigneurs de terres. Récemment, il a décidé de changer de format en se lançant dans une web-série : NEXT.

Les rayons des librairies regorgent de livres qui résument et vulgarisent l’ensemble de ces connaissances acquises dans ces disciplines variées. Citons le livre de Pablo Servigne et Raphaël Stevens, Comment tout peut s’effondrer, ou encore celui d’Yves Cochet, Pétrole Apocalypse. Mais dans la sphère publique, le sujet reste largement tabou, probablement parce qu’il est difficile de se confronter à un sujet aussi difficile (forcément connoté négativement), mais aussi parce que les intérêts économiques de court-terme sont ailleurs. Cette incapacité collective à ouvrir les yeux sur l’avenir du modèle économique actuel rend l’effondrement encore plus probable, tout simplement parce que la société ne s’y prépare pas, ne s’adapte pas, du moins pas assez radicalement.

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Des épisodes à voir :











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louix
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Sam 6 Oct - 13:21
Julien Vidal nous parle de son combat quotidien pour la planète

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Ven 19 Oct - 17:55
Une Conférence P. Servigne à voir absolument - Un avenir sans pétrole?

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Sam 20 Oct - 16:32
L’économie symbiotique

Un modèle économique régénératif radicalement nouveau qui affirme la possibilité de développer une relation symbiotique (c.a.d de croissance mutuelle) entre des écosystèmes naturels prospères et une activité humaine intense, et ce dans tous les domaines de l'économie.

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Lun 22 Oct - 16:56
Je recommande vraiment cet Entretien avec Pablo Servigne et Jacques Blamont, le 18/10/2018 à 15h30.

Des points importants  : Le  rapport du Giec, l'étude de la planète étuve, les boucles de rétro-actions, La technologie peut elle être une solution, croissance, augmentation du nombre d'humains et de la consommation - doctrine du consumériste, les- pénuries et surtout l'eau, moyens spirituels (rapport aux monde et horizon d’accomplissement de soi) levier vers le changement de paradigme, organisation horizontale et verticale, les marches pour le climat,...

Jacques Blamont : Citation de Georges BUSH : le niveau de vie des états unis n'est pas négociable... pas de solution due au pouvoir politique, il avance la possibilité de mobiliser les hackeurs, les fablabs,...

Pablo Servigne : Citation en fin d'entretien de Wilson (biologiste qui a étudié les fourmis - il a rendu populaire  le terme "biodiversité") "Aujourd’hui l'humanité est comme un rêveur ambulant pris entre les fantasmes du  sommeil et le chaos du monde réel, nous avons créé une civilisation Star Wars avec des émotions de l'âge de la pierre des institutions médiévales et une technologie déifiée, nous sommes affreusement troublé par le simple fait d'exister et nous représentons un danger pour nous et pour le reste du vivant .

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Jeu 22 Nov - 8:05
LA FIN D'UN MONDE (3/6)

Effondrement, nucléaire et capitalisme : entretien avec Jean-Marc Jancovici et Yves Cochet


Partons du constat qui est aujourd’hui acté par tous, et qui est illustré par le récent rapport du GIEC : notre mode de vie va changer de gré ou de force, notamment à cause de la raréfaction des ressources. Jean-Marc Jancovici, vous l’exprimez comme ceci : la planète ne peut pas tenir si 7 milliards d’humains ont le niveau de vie d’un smicard français.

Si l’on se demande comment préserver quelque chose qu’on ne peut pas préserver, on a déjà la réponse... La question à laquelle je peux répondre, c’est : que peut-on préserver de façon durable pour 7 milliards d’individus ? Si l’on ne mange pas trop de viande, on peut probablement préserver l’alimentation, car l’essentiel des surfaces végétales servent actuellement à nourrir les animaux. Mais notre modèle devra s’adapter, car l’agriculture actuelle est une agriculture "minière" qui doit extraire de la potasse ou du gaz pour fabriquer les engrais et qui provoque une érosion des sols. Les rendements actuels en Occident sont permis par les engrais, les tracteurs et les phytosanitaires, donc par les hydrocarbures, et ce n'est pas durable.


Ensuite, on ne pourra pas préserver la mobilité motorisée actuelle. Il y a 1 milliard de voitures aujourd’hui dans le monde, et même si elles ne consommaient que 2 litres aux 100 km, contre 6 à 8 actuellement, c’est encore trop pour durer un siècle. On ne pourra pas non plus toutes les faire fonctionner à l’électricité, car l'appel de puissance électrique ne pourra pas suivre, ni la fourniture de matériaux nécessaires à la construction des batteries. On pourra probablement garder la quantité actuelle de bâtiments, mais ce sera compliqué de la tripler ou d’y maintenir tout le confort énergétique.


Enfin, on ne pourra pas produire autant de biens manufacturés qu’aujourd’hui, ce qui revient à dire que le prix réel de ces biens (donc le temps de travail nécessaire pour les acheter) va augmenter. Prenons l’exemple des vêtements. Ma grand mère était couturière à une époque où, quand on avait un trou à la manche de sa chemise, on cousait une pièce dessus car l’achat d’un vêtement demandait un prix réel beaucoup élevé qu’aujourd’hui. Dans un monde sobre, on reviendra à celà. Le t-shirt à 5 euros en soldes, ce sera terminé. Même chose pour le jouet en plastique qu’on offre au petit dernier et dont il se sert deux fois.


Quand je dis que 7 milliards d’humains ne peuvent pas vivre comme un smicard français, ce n’est pas pour être méprisant. C’est parce que les chiffres montrent que le monde qui nous attend ne sera pas un monde d’abondance. C’est terriblement déstabilisant car ça va à l’encontre de l’idée d’une progression matérielle continue et sans problèmes.


LCI : Yves Cochet, vous partagez ce constat, et vous avez été l’un des premiers élus à tenir ce discours. Comment ont réagi les gens quand vous leur annonciez ce monde-là ?


Yves Cochet : Je partage effectivement ce constat. On peut dire malheureusement que jamais les Chinois, les Indiens, les Africains ou les Sud-américains ne vivront comme les Européens de 2018, à cause de la raréfaction de l’énergie et des matières premières. Une fois qu’on dit ça, l’impasse politique est totale. Malgré quelques petites prises de conscience récentes - la démission de Nicolas Hulot, le rapport de Giec ou les sécheresses estivales - je pense que ce déni perdurera jusqu’à la fin et qu’il n’y aura pas de transition facile. La grande loi de transition énergétique de Ségolène Royal n’est pas appliquée et comporte des tares rédhibitoires, tout comme l’accord de Paris. Après 23 ans de politique professionnelle, je constate que les seules solutions proposées sont : plus de croissance, plus de technologie, plus de marchés. C’est une pure folie.

"Le déni ne cessera pas avant de très gros ennuis car on a inventé un système de pensée qui n’est pas confrontable au réel"

LCI : Pour vous aussi, Jean-Marc Jancovici, ce déni perdurera ?


JMJ : J’ajouterais d’abord qu’avec traité de Lisbonne, l’UE se retrouve probablement avec la seule Constitution au monde qui impose une recherche de "la croissance". J’ajouterais aussi que le nouveau "prix Nobel" d’économie, William Nordhaus, s’est fait connaître en attaquant Dennis Meadows [le premier physicien et économiste à avoir travaillé sur les limites physiques de la croissance, ndlr], et en critiquant la lutte contre le réchauffement parce que, selon lui, elle n’est pas rentable ! Comme on peut le lire dans le livre "Des marchés et des dieux" du journaliste Stéphane Foucart, l’économie fonctionne comme une religion, car elle part de professions de foi non démontrées, et a besoin d’un clergé. Les principes dominants en économie - qui sont vieux de deux siècles - se basent entre autres sur une "fonction d’utilité", qui ne s’observe nulle part et qui n’est pas quantifiable… Comme le concept de "dieu" ! Le déni ne cessera pas avant de très gros ennuis car on a inventé un système de pensée qui n’est pas confrontable au réel.


LCI : Cette théorie économique et cette Constitution européenne sont-elles finalement les composantes de ce qu’on appelle le capitalisme ?


JMJ : Ce n’est pas propre au capitalisme. La pensée communiste excluait également l’environnement, et les soviétiques étaient tout aussi productivistes et "destructeurs de la planète".


LCI : Alors comment définir notre système économique ? Peut-on parler d’économie "extractiviste" ?


YC : D’économie extractiviste en croissance, avec le mythe du progrès continu et indéfini. En bref, le libéral-productivisme.

"Pour comprendre les effets de l'effondrement, il faut que nos dirigeants et nous-même soyons touchés dans notre chair"

LCI : Ce système économique actuel est aussi caractérisé par la concurrence. Cette concurrence ne peut-elle pas devenir un obstacle à la transition écologique ?


JMJ : L’ennemi de la transition écologique, c’est tout ce qui raccourcit l’horizon de temps, et tout ce qui empêche la prise en compte de l’environnement dans le raisonnement économique et social. Or, la concurrence et la financiarisation raccourcissent l’horizon de temps. Dans une société cotée en bourse, le long terme c’est trop souvent 6 mois, tandis que les actions de lutte contre le réchauffement se pensent à un horizon de 30 ans, voire d’un ou deux siècles. Quand l’action de votre entreprise est en concurrence avec l’action du voisin, vous êtes tétanisé à l’idée de perdre en productivité. D’ailleurs, les grandes réalisations françaises, comme les fortifications de Vauban, le système ferroviaire ou hospitalier, n’auraient pas pu se faire dans un contexte de concurrence. Aujourd’hui, nous avons décidé de faire de la concurrence l’alpha et l'oméga de la construction européenne, mais c'est une erreur que nous allons payer cher.


LCI : Yves Cochet, vous avez été élu européen. Comment changer ce cadre économique qui empêche la transition écologique ?


YC : C’est très difficile dans le cadre européen, parce que l’idéologie libérale-productiviste est profondément ancrée et parce qu’on manque d’une idéologie de remplacement vue comme crédible par tout le spectre de l’opinion. Je pense qu’on va vers le pire car, pour comprendre les effets de l'effondrement, il faut que nos dirigeants et nous-même soyons touchés dans notre chair par ceux-ci. Il ne suffit pas de lire un article ! Il faut le vivre concrètement à travers nous-mêmes et nos enfants. Quand ce sera le cas, il sera trop tard, car l’état politique de l’Europe se sera déjà dégradé.

"Si l’on cherche le pays le plus résilient en Europe, je pense que c’est l’Albanie, parce que 40% de ses paysans n’ont pas de tracteurs"

LCI : Ne pensez-vous pas qu’au moment de cet effondrement, les dirigeants et les plus riches parviendront à conserver leur confort et leurs intérêts ?


Y.C : Je pense qu’au moment de l’effondrement, qui interviendra pour moi plutôt avant 2030 qu’avant 2050, les riches ne pourront pas s’isoler du reste de la population et continuer comme si de rien n’était. Dans cet effondrement rapide, qui peut intervenir en quelques mois, peut être que seule l’armée tiendra plus longtemps car elle dispose de stocks d’à peu près tout : essence, nourriture, etc. Mais pas Emmanuel Macron ou Bernard Arnault, qui sont trop dépendants de l’économie mondiale. D’ailleurs, si l’on cherche le pays le plus résilient en Europe, je pense que c’est l’Albanie, parce que 40% de ses paysans n’ont pas de tracteur... Quand les nôtres ne pourront plus marcher, les Albanais sauront comment faire autrement.


JMJ : Si on regarde les indicateurs matériels, la décroissance a commencé en Europe en 2007. Les tonnes-kilomètre en camion, les surfaces de bâtiments construites, le nombre de séjours au ski ont atteint leur maximum historique en 2007. Ces indicateurs ont chuté jusqu’en 2014, puis légèrement remonté grâce à l’arrivée du pétrole de schiste américain qui a réalimenté le marché mondial, car davantage d’énergie, c’est davantage de machines en fonctionnement et un PIB qui remonte.


Mais la hausse actuelle du prix du baril de pétrole suggère que la hausse de la production s'essouffle. D’ailleurs, j’ai constaté que le prix du baril en monnaie locale pour de nombreux pays importateurs a déjà dépassé son niveau de 2014. On se dirige vers une crise semblable à celle de 2008, avec des niveaux de dette équivalents voire supérieurs.
Lire aussi
LA FIN D'UN MONDE (4/6) - Qui est Pablo Servigne, apôtre de l'effondrement et père de la collapsologie ?
LA FIN D’UN MONDE (5/6) - Entre écologie et confort de vie, le paradoxe scandinave

LCI : Pensez-vous comme Yves Cochet qu’un effondrement politique précèdera l’effondrement économique ?


JMJ : Les deux vont un peu de pair. Pour moi, l’effondrement politique a déjà commencé sans qu’on le désigne comme tel. L’élection de Trump, le Brexit, les élections italiennes et même la crise en Catalogne sont selon moi des marqueurs précoces de cet effondrement, tout comme le sont les intentions de vote pour Marine Le Pen aux prochaines élections européennes. Les élites urbaines - dont nous faisons partie - ne voient pas ce qui se passe car nous calculons le PIB de telle sorte qu'il continue d’augmenter, mais une fraction croissante de la population se retrouve exclue.


LCI : Selon vous, comment cet effondrement se manifestera en France ?


JMJ : Quand un pays se retrouve en situation de contrainte énergétique, c’est à la périphérie des villes, où se concentrent les premiers perdants de l'affaire, que la désagrégation s’exprime le plus fortement. C’est dans ces zones que le vote contestataire, en faveur de gens qui veulent "casser le système", se développe le plus. Quand ces perdants seront suffisamment nombreux, il finira par se passer quelque chose, je ne sais pas quoi. Mais ça se passera avant que tout le monde ne crève de faim.

"Yves et moi avons en commun de penser que le nucléaire n’empêchera pas la chute globale"

LCI : Vous parlez de "contrainte énergétique". Quelle place accorder au nucléaire pour se préparer à une telle situation ? Vous n’êtes pas vraiment d’accord tous les deux sur ce point.


JMJ : Yves et moi avons en commun de penser que le nucléaire n’empêchera pas la chute globale. Personnellement, je ne suis ni d’accord avec les pro-nucléaires qui y voient un moyen de parer à toute pénurie, ni avec les anti-nucléaire qui exagèrent ses inconvénients techniques et sanitaires. Je pense juste que le nucléaire est un amortisseur bienvenu de la contraction :  sans lui, on se cogne plus fort dans le mur, mais je ne sais pas à quel point ! Le nucléaire sert aujourd’hui à concurrencer le charbon. Or, plus longtemps on recourt au charbon dans l’électricité, plus vite on détruit le système climatique, qui a permis le développement de la civilisation. C’est donc au nom d’un arbitrage entre les risques que je souhaite avoir davantage recours au nucléaire dans les pays qui connaissent déjà cette technologie. Mais le nucléaire n’évitera pas la sobriété, qui reste le premier déterminant de ce qu'il faut faire.


YC : Contrairement à Jean-Marc, je ne pense pas que le nucléaire amortira la chute. Si je sors du raisonnement économique, le nucléaire ne peut fonctionner selon moi que dans des sociétés stables, démocratiques et très technologiques. Ces trois conditions sont nécessaires pour la gestion des déchets nucléaires, dont la radioactivité dure plusieurs dizaines de milliers d’années. Or, qui peut parier sur le fait que la France, ou l’Europe, conserve la même stabilité, le même niveau technologique et le même système démocratique dans le contexte de crise qui marquera le 21e siècle, et possiblement le 22e siècle ?


Source : https://www.lci.fr/planete/la-fin-d-un-monde-3-6-effondrement-nucleaire-et-capitalisme-entretien-croise-entre-jean-marc-jancovici-et-yves-cochet-2101969.html?fbclid=IwAR0BKnzyMEKo3nf0oAWI7ftwEH0jDR6idTjMgWQAP7O7zVX1ElfyiAQZsmA
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